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Le contexte« Pax-Europa, ô gigapole européenne, promise à être l’utopie rêvée par nos pères ! Pax-Europa, ô mirage technologique aux tours bondissant vers les nuages, et aux fondations écrasant notre histoire ! Pax-Europa, ô titan bourdonnant de vie et de mort… Tu es l’antre de tous les hommes ivres de liberté, tu es la promesse des espoirs passés, la construction d’un monde meilleur, tu es l’âme de l’humanité, tu es le véritable corps de la Voix. »
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  • Posté Mar 21 Avr - 1:47

    Message n°405 (1)

Un vent glacé. Une pluie inlassable. Des teintes grises, sales, à perte de vue. Home, sweet home. Les mains fourrées dans les poches de son ample manteau rapiécé, qui se fondait parfaitement dans la masse de ces notes de couleurs ternes et cette pauvreté, Erika en évitant de perdre trop de temps. Elle avait froid, et ses dents claquaient légèrement, presque au rythme rapide de ses pas. Elle regardait par terre, faisant profil bas, emmitouflée dans sa lourde capuche ridiculement grande par rapport à sa tête. Elle était très loin des tailleurs sur mesure et des robes élégantes. Mais tout ça lui semblait être une autre vie. Une vie différente.

Voilà un moment qu’elle habitait ici, et elle avait appris à apprécier le coin. La pluie, par exemple. Elle était un peu acide, et mieux valait éviter d’en profiter un peu trop longtemps. Mais c’était quelque chose d’agréable. Elle venait faire embaumer des odeurs qu’elle n’avait jamais vraiment connu avant ; comme celle de la terre humide. Même si souvent, c’était plus des relents de déchets probablement toxiques, ou encore mieux, de déjections. Mais bref, elle avait appris à être optimiste, et vu ses conditions de vie, c’était un grand tant mieux pour elle.

Si elle appréciait les sorties au grand air, celle-ci n’avait que trop duré. Elle n’avait pas emmené PLS-01 ; parce qu’il avait beau être serviable, il n’était ni assez rapide, ni assez discret pour se rendre à cette livraison par drone de composants qui allait lui être utile pour la réparation d’un autre robot, qu’elle avait réussi à dégoter en exploitant les nouvelles ressources qu’elle commençait à se découvrir et à être capable d’utiliser. Elle avait pris une bonne dose de spotlight avant de partir, et en avait profité pour se ravitailler un peu ; mais, elle commençait à être limite niveau moyens.

C’est donc sur cette pensée très positive qu’elle commença à presser le pas. Un frisson lui traversa l’échine. Une poussée d’angoisse survint en elle, inexpliquée, incompréhensible. Si elle souffrait d’épilepsie depuis plus longtemps, elle aurait peut-être réussi à interpréter ce subtil signal de son corps ; mais, elle n’avait clairement pas encore l’habitude. Elle ne l’aurait probablement jamais. Elle accéléra un peu, se pensant suivie, ou quelque chose comme ça. Elle arriva alors à un point qui la rassurait, d’habitude ; une passerelle, au dessus d’anciens rails désaffectés, qui menait droit à son usine-maison préférée. Elle commença à grimper les marches deux à deux, comme à son habitude, quand, d’un coup, d’abord son mollet, puis son corps se crispa. En un claquement de doigt, sans qu’elle ne le réalise, ce fut l’inconscience, et au pire moment ; soit, dans des escaliers.

D’un point de vue externe, c’était presque comique. La frêle silhouette qu’elle était se figea net, et tomba, comme une poupée de chiffon, de l’endroit où elle était, jusqu’au bas des escaliers ; dans une chute qui, si elle avait été consciente, aurait probablement été très effrayante, et bien douloureuse. Le réveil le fut, en tout cas. Si on pouvait parler de réveil. L’information la cingla, jusqu’à l’échine, alors qu’elle rouvrait des yeux embués de larme pour y voir trouble. Un bourdonnement sourd s’estompait peu à peu, et elle retrouvait progressivement son ouïe alors qu’elle réalisait qu’on était peut être en train de lui parler.

Spoiler:
Tatsuo Saito
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  • Posté Mar 21 Avr - 16:39

    Message n°423 (2)

L’horizon n’existait pas aujourd’hui, il disparaissait dans la brume grisâtre que faisait apparaître cet inépuisable rideau de pluie. D’ordinaire les plaines de l’antique Andalousie faisaient moins peine à voir et même les premières bicoques du ghetto semblaient moins misérables que dans cette apocalypse météorologique. Cela n’empêchait pourtant pas les habitants de sortir et de vaquer à leurs occupations. Les pluies acides ne faisaient peur à personne, dans ce bouge de misère, quand on grandissait ou qu’on vieillissait ici, on avait l’habitude. Et finalement, on disait même que c’était moins pire qu’il y a vingt ans. Ou qu’il y a quarante. Et tandis que la poussière du sol s’était transformée en terre boueuse, spongieuse et collante sur les chemins qui servaient de routes, Tatsuo marchait à grandes enjambées sans regarder l’état de ses bottes, cherchant ces quelques gosses qu’on avait envoyés dans un champ improvisé pour vérifier l’état des bâches et des cultures.

L’endroit en question n’était guère apprécié par la majorité des habitants ; on disait que l’accident qui avait eu lieu dans cette vieille usine désaffectée avait créé son lot de monstres qui erraient dans la brume. Avec les décennies, de nombreuses légendes urbaines avaient vu le jour, certaines plus ridicules que d’autres. La seule certitude à avoir, c’était que l’air y était nauséabond et qu’un certain périmètre de sécurité était nécessaire avant de songer y chercher quoi que ce fut de comestible. Et depuis peu de temps, des gamins racontaient que l’endroit était habité par un nouveau monstre. Qu’ils n’avaient pas aperçu, bien sûr.

L’homme remonta le col de son manteau, frissonnant sous l’eau froide et aigre qui dégoulinait sur son visage et dans ses cheveux serrés en un chignon grossier, et appela la petite troupe qui abandonna son labeur avec joie. Le rapport qu’ils en firent se conclut par une annonce plutôt surprenante :
« Un drone s’est posé pas loin d’ici ! », s’exclama le plus jeune, incapable de tenir sa langue quand les autres auraient souhaité garder le secret, au vu de leurs têtes d’un coup déconfites.
« Ah oui ? Où ? »

Le regard de Tatsuo se porta vers la direction désignée et il se contenta de plisser les yeux pour tenter d’y apercevoir quelque chose de pertinent dans la brume. Pas grand-chose, à part l’usine juste à côté. Ce qui suffisait à être douteux. « Rentrez chez vous. Allez ! », ordonna-t-il aux enfants en réduisant à néant leur idée de le suivre en douce d’un regard sévère. Il fallait en avoir le cœur net ; soit c’était un accident, un drone trop léger qui s’était perdu ici à cause des mauvaises conditions de vol, soit il y avait quelque chose ou quelqu’un dans les parages, qui ne vivait pas avec eux.

Il se mit donc en route et, à mi-chemin, finit par apercevoir une silhouette qui se découpait sans netteté dans la grisaille. Sa main gauche, prothèse gantée, se posa d’instinct sur la poignée de son sabre, et ce fut en silence que le lieutenant de la pègre emboita le pas à cet étrange marcheur du dimanche. Jusqu’à approcher d’une vieille passerelle, où il l’observa grimper les marches deux à deux, et en écarquilla les yeux lorsque la silhouette s’immobilisa avant de tomber en arrière. Tatsuo accéléra le pas et eut la surprise de constater qu’il s’agissait d’une jeune femme, évanouie et qu’on aurait presque dit totalement désarticulée. Un trait d’inquiétude plissa son front tandis qu’il s’agenouillait pour vérifier avec précaution si son crâne et sa nuque n’avaient rien de cassé. Du bout des doigts, il vérifia son pouls et effleura son front. A priori, à part des bleus et peut-être une bosse, ça allait bien se passer.

« Réveillez-vous. Est-ce que vous entendez ma voix ? Réveillez-vous. », dit-il d’une voix calme et ferme, cependant que son regard n’en était pas moins scrutateur. Ce visage lui disait vaguement quelque chose, tout en sachant pertinemment qu’il ne l’avait jamais vu en chair et en os. Qui était-ce et que faisait-elle ici, hum ?
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  • Posté Mar 21 Avr - 17:13

    Message n°424 (3)

L’espace de quelques instants, le dur processus du retour de son esprit dans ce corps qu’était devenue une véritable prison continua. Après l’ouïe, et la vision, vint se confondre à cette chaotique, involontaire et anormale synesthésie le goût, et l’odorat. Elle perçut, sentit, le goût de la terre et du sang, alors qu’en même temps, suite à la brusque détente puis contraction de son corps, ce dernier réagissa au spotlight toujours actif dans son organisme en commençant à la faire saigner du nez.

Elle avait à peine senti le contact de l’inconnu, et avait entendu sans écouter ce qu’il venait de lui dire ; mais elle commença à, tout de même et doucement, essayer de se relever. Une fois un peu redressée, elle passa le dos de sa main pour essayer le liquide visqueux qui s’échappait de son nez, l’étala plus qu’autre chose, avant d’éloigner sa main pour la regarder avec incompréhension tandis que ses sens terminaient de se réajuster. Son corps la lançait de partout ; et si la douleur était bien présente, c’était triste à dire, mais elle commençait à avoir l’habitude, alors, elle cilla à peine. Son regard bascula de sa main ensanglantée au visage de l’homme qui s’était porté à son secours.

Elle était incapable de dire si, le temps qu’elle se relève, il lui avait parlé à nouveau. Elle plongea ses yeux dans les siens, se perdit peut-être un peu dans l’abîme sombre qu’ils étaient. Puis, elle bégaya un peu ; et, s’introduisit en annonçant :

« Excusez-moi. Je… Je ne voulais pas... vous déranger ? » son ton était hésitant, sa voix, fébrile.

Elle était maintenant peut-être bien consciente, mais clairement confuse. Elle regarda autour d’elle. La passerelle. Sa crise. Elle s’en souvenait parfaitement. Mais lui ? Elle ne l’avait pas vu. Qu’est-ce qu’il faisait là ? C’est alors que la confusion, comme d’habitude, allait peu à peu basculer vers la frustration. D’être tombée aussi bas. D’être aussi… faible. Elle était née parmis les grands, dans un corps qui avait été fait pour être parfait. Et maintenant, elle était… ça ? Sérieusement. Le type faisait face à une jeune femme frêle et chétive, le visage creusé par des cernes presque effrayantes, un teint pâle maladif, atteinte d’une affliction assez handicapante, souffrant de crises au moins une fois par jour. Un véritable déchet humain ; le même genre, que, quelques années plus tôt, elle dénigrait au gré d’une discussion polie entre puissants, ou qu’elle désignait simplement comme des indigents.

Et elle n’en pouvait plus. Elle essaya de garder le contrôle, de conserver un peu de dignité face à ce premier être humain en chair et en os, qui venait de faire un geste pour elle ; parce que certains l’aurait juste dépouillé avant de partir en courant. Mais elle n’y parvint pas, ses nerfs, ses putains de nerfs qui n’avait décidément plus aucune putain de retenue, venait de lâcher une fois de plus, et elle commença à pleurer ; tout en continuant de faire mine d’agir normalement, d’écouter la réponse de ce type, et de réfléchir à une réponse un peu plus digne que son attitude.
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  • Posté Mar 21 Avr - 20:52

    Message n°426 (4)

La petite chose perdue semblait revenir à elle, c’était déjà bon signe. Ce qui l’était moins, ce fut son saignement de nez, entre autres. Si ce n’était pas dû à une maladie ou à une carence, alors il avait probablement affaire à une junkie, ce qui n’était pas si stupide étant donné que ses voisins mexicains étaient bien connus pour empoisonner le monde de leur came… Cependant Tatsuo ne fit aucun commentaire, d’une part parce que ce n’étaient pas ses affaires, et d’autre part, parce que ce n’était pas la priorité de l’instant. Il était tout aussi inutile de vouloir la bombarder de questions, vu le choc qu’elle avait dû se prendre sur la tête. D’autant plus que bombarder de questions ne signifiait pas obtenir des réponses.

« Doucement, vous n’avez rien de cassé, mais vous êtes tombée de haut. », signifia-t-il en se relevant avec elle. C’était sans doutes inutile à dire, elle était probablement encore bien sonnée, au vu de son air… légèrement perdu. Seulement, parfois une simple voix humaine avait quelque chose de rassurant, ou bien un simple son auquel on pouvait se raccrocher quand on discernait mal la réalité. Après tout, c’était valable pour les malades fiévreux en plein délire, ou pour les gens abrutis par le chagrin…

Ce qui était certain, c’était que Tatsuo ne s’attendait pas à ça en guise de premiers mots. A vrai dire, il était difficile de déterminer ce à quoi il aurait bien pu s’attendre, mais en général, au ghetto, personne ne s’excusait de rien avant de savoir à qui on avait affaire. « Me déranger ? », rétorqua-t-il doucement, avant de secouer légèrement la tête : il fallait se lever tôt pour cela. « Ce n’est pas le cas. Dites-moi juste comment vous vous sentez. » Parce que clairement, la petite ne devait pas être du coin. Physiquement, elle avait quelque chose… de différent des gens d’ici. Et en même temps, elle semblait tellement au bout de sa vie qu’elle avait dû atterrir dans cet endroit depuis bien peu de temps. Malgré les conditions rustiques dans lesquelles on vivait au ghetto (qui étrangement étaient moins pires que certains endroits des bas-fonds), l’organisme s’habituait, s’adaptait et se conformait à tout, et paraissait en meilleure santé que cette pauvre créature.

Patient et silencieux, il laissa la jeune femme retrouver ses repères et ses esprits. Mais il fallait croire qu’elle se sentait au fond du trou pour se mettre à pleurer. Si on avait dit au yakusa que sa journée se déroulerait ainsi… il ne l’aurait sans doutes pas cru. Il se contenta d’inspirer calmement avant de poser une main de réconfort sur la frêle épaule de la jeune femme. « Asseyez-vous. », dit-il en lui désignant les marches. Et lui-même prit place là, alors qu’il pleuvait averse, que ces marches métalliques étaient glacées et détrempées, et qu’il aurait certainement rêvé d’un thé brûlant pour simplement se réchauffer les mains. Enfin la main. « Vous n’êtes pas d’ici, pas vraiment… Moi non plus, à la base. », murmura-t-il avant de tourner le regard en sa direction, et son visage se fendit d’un discret sourire. Juste un coin de ses lèvres qui se relevait. « Vous semblez avoir besoin de soins, et d’un bon repas chaud. », constata-t-il simplement avant d’ajouter : « Qui vous êtes n’est pas important. Il y a des gens plus généreux que vous ne le croyez au ghetto. On pourra vous aider si vous le souhaitez. »
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  • Posté Mar 21 Avr - 21:47

    Message n°429 (5)

Frustrée. Maintenant terrifiée. C’était l’ascenseur émotionnel pour la pauvre Erika. Cette homme qui lui faisait face ; c’était un parfait inconnu, dans un monde de loups. Et elle, elle était… au mieux, un poulet famélique. Et épileptique. Elle était donc suspendue à ses lèvres, dans une attitude qui transpirait la peur ; un peu recroquevillée sur elle même, le menton baissé, les doigts se tendant, et se repliant, lentement, inlassablement, signe d’angoisse, alors qu’un tic nerveux qu’elle avait depuis sa chirurgie bâclée ; soit sa paupière droite qui tressaillait un peu et de manière visible ; trahissait son appréhension de la suite des événements. Sa voix bégaya à nouveau, alors qu’elle répondait, dans l’espoir de ne pas s’attirer de problèmes :

« Bien… Je vais… Bien ? » annonça-t-elle en forçant un sourire, légèrement asymétrique, alors que des larmes se mêlaient aux gouttes de pluie qui arrivaient à s’abattre sur son visage fatigué.

C’était un mensonge, qui crevait aux yeux. Mais un mensonge que l’autre n’aurait probablement pas de problème à comprendre. Erika avait bien compris sa place, ici. Elle a peut-être été un jour proche du sommet de la chaîne, mais aujourd’hui elle n’était plus rien. Ou du moins, pour l’instant. C’était une métèque. Elle n’avait même pas la possibilité d’avoir un compte. Pour s’en sortir, elle devait constamment négocier, troquer. Et pour ça, elle avait besoin de maîtriser un minimum la situation. Là, non seulement l’échange a été asymétrique ; il est venu à son secours, et, techniquement, elle était déjà en dette ; mais ensuite, il avait largement les moyens de lui imposer sa volonté. Elle n’avait aucune assurance, aucune garantie, et son intégrité physique était dans la balance. Elle craignait le contact pour ces raisons là.

Mais, quand celui-ci s’établit, il prit une forme qu’elle n’attendait vraiment pas. Une main, sur son épaule. Un contact physique, ferme mais doux dans son idée, rassurant. Suivi, qui plus est, d’une invitation. Calmant au mieux sa respiration qui, elle ne le réalisait que maintenant, était devenue saccadée de stress, elle y répondit positivement, n’ayant plus trop peur de se mouiller après sa chute. Elle l’écouta alors lui parler à nouveau, alors que, la tête penchée en avant, les mains fourrées l’une dans l’autre devant elle, elle regardait le sol, se calmant, alors que l’eau de pluie acide, et ses larmes, continuaient à perler sur son visage, jusqu’à arriver à son menton ; emportant, diluant au passage le sang qui maculait partiellement son visage. Elle poussa un soupir, avant de tourner lentement sa tête vers lui, et d’à nouveau, croiser son regard. Elle lui annonça alors, avec l’attitude méfiante d’un animal acculée :

« Vraiment ? » elle regarda autour d’eux, dubitative, et prenant note de la réaction de l’autre, avant de vouloir continuer. Elle ouvrit sa bouche, et s’apprêtait à rajouter qu’elle aurait bien besoin d’une douche chaude, aussi. C’est probablement la chose qui lui manquait le plus. Mais non. Elle se ravisa, fermant la bouche, ne tardant pas à la rouvrir pour continuer : « Cela a… un coût ? »

Elle baissa les yeux. Elle avait encore et toujours une attitude méfiante, vis à vis de cette personne qui pourtant, n’avait vraiment pas l’air d’avoir de mauvaises intentions pour elle. C’était pas normal. Elle devait rêver. Toute sa vie, elle a été conditionnée en pensant que les indigents étaient des sauvages. Que tous les hommes étaient égoïstes, et que c’était chacun pour soi, à tout niveau dans la société. Elle l’avait vécu. Et ce type venait de lui proposer son aide, comme ça, au plus grand des calmes, dans l’un des endroits les plus miteux du continent européen ? Elle ne put s’empêcher de conclure :

« Désolée… Erika. Je m’appelle Erika »

Elle ne précisa pas de quoi elle s’excusa. Il comprendrait bien. Elle laissa ses yeux, qui, malgré son état déplorable, malgré son état de fatigue, brillait encore d’une lueur qui avait quelque chose de… remarquable, alors qu’elle guettait sa réaction.
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  • Posté Mar 21 Avr - 23:02

    Message n°433 (6)

Si Tatsuo avait pu observer quelques-uns des tics musculaires de la jeune femme, il fit comme s’il n’avait rien vu, ne se focalisant jamais sur un trait en particulier, mais sur la globalité de la personne. De toute façon, la fixer comme un imbécile aurait été bien impoli, et malgré toutes les questions qui pouvaient lui venir à l’esprit, elle n’était pas un vulgaire phénomène de foire. Juste… un être humain avec ses blessures. Comme eux tous. De même qu’il ne fit aucune remarque sur le petit mensonge de l’inconnue. Les réponses venaient à qui savait attendre, et si elles s’avéraient nécessaires. Elle était vivante et consciente, et en soi, c’était déjà mieux que rien, n’est-ce pas ?

Alors qu’il était assis et qu’il finissait de parler, le yakusa releva le regard vers l’espace qui s’étendait face à eux. Au loin, on pouvait apercevoir les premières baraques du ghetto dont la silhouette se découpait sous la pluie, quand les constructions sommaires plus en arrière, et plus hautes, se distinguaient fort mal. Il accueillit le scepticisme de la jeune femme d’un air songeur, contemplant simplement la vaste plaine qui accueillait la misère de beaucoup, et plus loin encore, ces tours qui traversaient les nuages sans peine et que les lumières des écrans parvenaient encore à les agresser jusqu’ici, sous forme de minuscules taches. Il comprenait sa méfiance ; il avait éprouvé la même il y a vingt ans. Et à vrai dire, il se méfiait toujours autant de ceux qui n’avaient pas endormi la vigilance de son instinct. Seulement, la vie ne se résumait pas à du blanc et du noir, les gentils en haut et les connards en bas.

Alors, la question eut au moins le mérite d’être posée. Le coût de tout ça. Tout dépendait de ce qu’elle entendait par là… Sans détacher son regard perçant des habitations lointaines, le yakusa rétorqua : « Respirer vous coûte de l’énergie ; réfléchir vous coûte l’action de penser ; mourir coûte votre vie et vivre coûte votre volonté. Tout a un coût, au fond des choses. Mais aider ne coûte que l’envie de le faire. » Il s’interrompit, contempla un court instant le ciel qui, au milieu de la grisaille, semblait retrouver quelque lumière. Le soleil essayait de percer cette couche morose, une fois de plus. « Alors, pour vous, être un hôte ne coûtera rien, sauf peut-être, qui sait, l’envie d’aider en retour un jour, de votre volonté seule. » C’était subtil et en même temps, il ne l’obligeait à rien. Les gens qui prenaient et s’avéraient ingrats ne faisaient de toute façon pas long feu dans cette nature sauvage et parfois hostile, cette jungle humaine ou la survie primait trop souvent sur des valeurs basiques comme l’entraide et la courtoisie.

Quand elle se présenta, c’était aussi soudain que logique, et Tatsuo reporta à nouveau son attention sur son interlocutrice. Une fugace lueur amusée brilla un instant dans ses prunelles et on aurait presque dit qu’un bref sourire la saluait. « Enchanté. Je m’appelle Tatsuo. » A information donnée, information égale rendue en retour. « Je suppose que c’est vous qui avez élu domicile quelque part là-dedans, et pas le monstre dont parlent les enfants trop curieux. », dit-il d’un ton amusé en désignant d’un geste assez vague de la main, l’usine désaffectée. Le bâtiment était grand. Il y en avait même plusieurs, et des ruines. Le yakusa ajouta d’une même voix : « Aimez-vous le thé ? Et les abris secs. Ce sera plus agréable pour poursuivre notre conversation, n’est-ce pas ? » Il se redressa avec une souplesse qui pouvait surprendre pour son âge mûr. Mais la discipline pouvait s’acquérir à n’importe quel moment de la vie, il en était une bonne figure. « Ne vous inquiétez pas, en ma compagnie vous ne rencontrerez pas d’ennuis. »
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  • Posté Mer 22 Avr - 0:32

    Message n°435 (7)

La réflexion philosophique de celui qu’on pourrait qualifier de vieux sage laissa Erika… perplexe. Son regard, la seule chose restée vive de son corps, se promena un peu. Elle n’osa pas vraiment le demander ; supposant qu’il avait déjà bien sous-entendu son envie de le faire. Mais, encore une fois, la scène était comme… surréel. Elle suivit son regard alors qu’il se perdait dans les cieux, relevant un peu le menton. Le bleu du ciel lui manquait plus que ce qu’elle ne le pensait, et cette grisaille presque perpétuelle lui rongeait peu à peu le cerveau. Les quelques rayons qui filtraient, à ce moment là, ne lui procurèrent aucun réconfort. Ils étaient, au même titre que l’espoir, voués à disparaître en ce bas-monde. Son regard, plus tranquille, redescendit au même moment que celui de l’autre, pour finalement s’égarer dans le vide, alors qu’elle se concentrait surtout sur ce qu’il venait de lui dire. Elle croisa ensuite son regard quelques instants, le temps d’acquiescer à ce qu’il venait de dire, droit dans les yeux, histoire qu’il comprenne bien que l’accord venait d’être passé, malgré son aspect tacite.

Elle hocha simplement la tête quand il commença à aborder le sujet de sa planque, qui à cet instant, n’en était plus une. Devait-elle envisager de déménager ? Peut-être. En l’occurence, elle n’avait pas envie de se pencher sur la question. Elle avait juste envie de saisir la perche qu’on lui donner, et, profiter de cette première fois qu’on lui proposait un peu de réconfort et d’hospitalité en ce bas monde, même si elle n’en savait pas encore le prix. Elle l’écouta en silence, jusqu’au bout, respectueusement ; suivant son mouvement après quelques instants d’hésitation, dans une gestuelle clairement moins dynamique. Elle ne put s’empêcher, avant tout, de commenter cyniquement la première remarque, en esquissant un triste sourire :

« Tout dépend de votre définition du monstre »

C’était peut-être les relents cartésiens de son éducation à la Musk. Chaque mot avait un sens, une origine. Le mot monstre, tirait ses racines dans quelque chose qu’on montrait du doigt. Quelque chose d’assez étrange, et différent, pour qu’on puisse le faire donc. N’était-elle pas devenue une pâle créature, vivant comme un fantôme, dans un corps défaillait, effrayant pour elle-même ? Il fallait la voir, quand elle faisait une crise de convulsion. Ce n’était pas la même histoire que quand elle faisait une simple crise atonique, comme ça venait d’être le cas. Elle ne lui fit pas un exposé, parce qu’étaler ses connaissances et donc son éducation, ce n’était pas la meilleure des idées pour elle. Moins les gens en savait sur le monstre de l’usine VX, mieux elle se porterait si elle décidait de rester.

Si jusque là elle n’avait pas ressenti la fatigue, c’était bien parce qu’elle avait fait son aller-retour d’une traite. Mais le fait de s’être posée ne serait-ce que quelques instants venait de lui faire réaliser que ses jambes commençait à se raidir ; et, elle tituba un peu sur ses premiers pas, alors qu’elle acquiesçait une nouvelle fois à la proposition de l’autre, avant d’annoncer de sa petite voix :

« Je ne suis malheureusement pas certaine de pouvoir vous garantir la même chose en retour » elle étira une nouvelle fois ses lèvres dans ce sourire légèrement asymétrique qui la caractérisait maintenant. Elle même n’avait pas encore remarqué ce détail ; à vrai dire, elle ne souriait pas vraiment, quand elle se voyait dans la glace. Mais c’était un des effets secondaires, et qu’on pouvait considérer comme bénin, de l’opération.

Ils commencèrent alors à se diriger vers une destination qu’elle ne connaissait pas. Elle n’avait pas vraiment fait le tour du coin ; encore une fois, elle avait essayé de ne surtout pas attiré l’attention. Elle avait l’impression que ses bottes étaient toujours plus lourdes, qu’elles s’enfonçaient de plus en plus sous la boue, alors qu’ils marchaient. Elle commençait à apprenhéder l’hypothèse dans laquelle elle referait une crise, mais ils étaient lancés maintenant. Et, de toute façon, elle aurait été vraiment ingrate avec lui, mais également avec elle-même, de refuser cette première main tendue depuis bien longtemps. Un peu intimidée, il fallait l’admettre, elle n’osait pas essayer de lancer une conversation, et attendit silencieusement qu’il le fasse, se concentrant pour l’instant sur où elle mettait les pieds.
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  • Posté Jeu 23 Avr - 17:36

    Message n°492 (8)

Tatsuo regardait au loin d’un air songeur quand une infime lueur mélangeant à la fois compréhension et éclat narquois, baigna ses prunelles sombres. « Ici nous le sommes tous à notre façon. », rétorqua-t-il sans préciser davantage à quoi il faisait allusion en terme de monstruosité. Les métèques et les rebus de la société, ceux qui avaient fui ou ceux qui étaient tombés au plus bas, dans ce ghetto ils étaient tous en dehors de la norme. Au fond, quand on se retrouvait là, ce qu’on avait commis tout là-haut n’avait plus guère d’importance. Les lois des cieux n’étaient pas valables dans la fange et il ne s’appliquait donc que des règles différentes, et parfois beaucoup plus simples. Quoique pas toujours moins cruelles, selon l’endroit.

Haussant un sourcil dénué d’expression, peut-être mi-figue mi-raisin, ou interrogateur, ou même sarcastique, selon le sens qu’on voulait bien y mettre, l’homme du ghetto finit par rétorquer : « Nous verrons bien. » Là où ils se rendaient, il serait folie de venir lui chercher des ennuis, qu’importe ce que son hôte avait pu faire. L’hospitalité était une notion simple, naturelle, et Tatsuo se voyait mal régler un conflit sur le pas de sa porte. Le yakusa se mit à marcher d’un pas vif, trouvant rapidement son chemin sur cette aire désolée et qu’on pouvait croire saccagée par les aléas climatiques. Les routes étaient des chemins bordés de pierres qui serpentaient selon le sol le plus sûr et se calquaient sur des vestiges. Ailleurs, c’était un champ de patates sans patates.

Il n’engagea pas la conversation pour profiter du silence, ou du moins, des sons qui s’offraient à eux sur la route : le ploc régulier de la pluie, les vibrations du vent à leurs oreilles, le sifflement de l’air dans les arbustes qui se pliaient. Le silence se trouvait ailleurs : dans l’absence de l’agitation humaine qui avait tendance à les rendre fous, tous. C’était comme se trouver ainsi seuls au monde. Avant de reparaitre face à un fragment de civilisation, ici le ghetto. Le yakusa et sa drôle de compagnie débouchèrent à la lisière du bidonville qui se parsemaient de petites habitations en préfabriqués métalliques.

C’était à l’écart qu’il vivait, dans cette bicoque en forme de L assez surélevée pour ne pas être sujette aux inondations, et au toit servant de terrasse ou de lieu de méditation ou de repos, le tout entouré d’un petit potager clôturé dont la terre était recouverte d’herbe sèche. Ça ne ressemblait pas du tout à un beau potager comme les anciens aimaient les faire en labourant le sol à outrance et avec la terre à nue, pas du tout. A première vue cela semblait chaotique voire désespéré ; en réalité tout était ordonné comme il convenait.

Quant à l’intérieur, ce n’était ni très spacieux, ni très spectaculaire. Le séjour comprenait un espace de cuisine rudimentaire et s’articulait autour du centre, marqué par la présence d’un âtre cylindrique qui diffusait un peu de chaleur et repoussait l’humidité. Le combustible, c’était les branchages secs des tailles passées, ou des déchets qu’on croirait inutiles. Tout cela aurait été bien misérable si les murs avaient été dépouillés de ce qui faisait la vraie lumière du lieu. Il y avait là un certain nombre d’aquarelles dont les douces couleurs pastels égayaient l’atmosphère. C’étaient des paysages des beaux jours, ou des endroits du ghetto nimbés des premières lueurs de l’aube, ou des lieux qui n’évoquaient que le passé à Tatsuo. Et un portrait de petite fille.

Il abandonna ses bottes sous le porche et invita la jeune femme à faire de même. « Installez-vous. », marmonna-t-il tout en allant faire chauffer de l’eau et chercher le nécessaire à thé. Puis il s’installa en face de son interlocutrice et reprit la conversation comme s’ils n’avaient pas passé vingt minutes à marcher sous la pluie. « Alors quel genre de monstre êtes-vous, Erika ? »
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  • Posté Jeu 23 Avr - 19:27

    Message n°496 (9)

Un pas après l’autre, Erika suivait silencieusement l’homme qu’on pourrait qualifier de vieux qui menait la marche. Peut-être vieux, mais, visiblement en meilleur forme que la jeune femme. Elle était devenue chétive ; et, ça n’avait rien d’étonnant. Son corps faisait les frais d’un manque d’activité évident, et d’une alimentation trop pauvre. Il avait beau avoir été conçu pour être parfait, elle avait touché à ses limites il y a bien longtemps, et était parvenue à les forcer, de plus en plus, en le mutilant et en lui faisant subir toujours plus. La peau sur les os, l’eau de pluie, mélangée à la fraîcheur du vent qui s’immisçait dans chaque petite ouverture dans le patchwork vestimentaire qui lui servait de tenue, elle avait vraiment froid alors que la température restait largement acceptable. Elle ne fit donc pas le même voyage que celui qui l’invitait. Vraiment.

Elle ne réalisa qu’ils allaient arriver qu’au moment où ils dépassèrent une clôture. Elle passa alors d’une attitude crispée et fermée, à un état de relâche partiel. Elle ne l’avait pas tout de suite vu, mais elle l’avait directement senti. De l’herbe. Un peu sèche, et légèrement jaunie de ce fait. Mais de l’herbe, quand même. C’était… rafraîchissant. Ce n’était pas que l’odeur d’une seule plante, mais celle d’un tout, mise en exergue par la pluie qui diffusait ce parfum si particulier. Des odeurs qu’elle pensait ne plus jamais retrouver ; qu’elle pensait être  exclusivement réservées aux jardins et autres oeuvres botaniques de parcs dont les entrées et les abonnements sont vendus à des tarifs excessifs, signe de prestige dans les tours. Ou du moins, aux étages qu’elle fréquentait. Elle se souvint alors de différentes odeurs ; plus pures, plus propres que celles qu’elle sentait actuellement. Mais franchement. Cela lui fit un bien fou de stimuler un peu son odorat, qui avait comme saturé, après avoir passé un certain temps dans le ghetto. Elle imagina ensuite l’endroit, un jour de chaleur. Ce devait être si agréable. Elle regarda ensuite la maison ; qui, malgré son aspect bucolique, avait un certain charme.

Elle obtempéra, et ôta ses chaussures avant de rentrer dans le répère du vieux sage. Elle s’arrêta un instant au niveau du seuil, puis, malgré le fait qu’elle avait froid, enleva son lourd manteau imbibé d’eau de pluie. Elle l’accrocha au premier endroit prévu à cet effet, avant de reprendre une attitude peu sereine, ses deux bras croisées devant elle, les épaules un peu recroquevillées. Ses cheveux sales et emmêlés gouttaient encore un peu, alors que la luminosité de cet intérieur, qui faisait scintiller ses grands yeux, mettaient encore plus en valeur les cernes marquées sur son visage ; alors qu’elle se mordillait nerveusement la lèvre. Ses frêles bras étaient partiellement révelés, et, présentait plusieurs marques et bleus plus ou moins anciens. Un inconnu supposerait qu’elle est battue sur une base régulière. Elle, elle était parfaitement consciente que c’était à cause de son épilepsie, et de ses crises qui causaient des chutes brutales et des spasmes assez violents pour qu’elle se blesse comme ça toute seule. Si elle avait pu voir son reflet dans une glace, à ce moment là, elle se serait demandé quel genre de déchet humain elle était devenue.

Mais ce n’était pas des glaces qui jonchaient le mur de Tatsuo ; fort heureusement. Ce fit des toiles. Alors qu’auparavant, son esprit critique aurait probablement commencé par analyser la technique pour en jauger la qualité, là, elle se contenta d’apprécier les choses telles qu’elles étaient. à croire que sa chute n’avait pas eu que des tords. Elle s’assit lentement sur le premier support qu’elle supposa prévu à cet effet, se détendant peu à peu, alors qu’elle se perdait dans le regard d’aquarelle d’une petite fille qui ne lui évoquait rien. Elle fut donc presque surprise quand son hôte prit place face à elle ; et elle bascula immédiatement la tête pour le regarder face à face. Sans une once de défi, ou de fierté ; simplement par pur respect. Elle hocha les épaules à sa question, mais, dans la continuité du mouvement, dénoua ses bras, avant de lâcher :

« Je suppose que vous avez une idée » elle lui esquissa un sourire triste, avant de reprendre, ne souhaitant pas répondre aussi brusquement à une perche pourtant évidente : « Comment vous expliquer, dans ce cas… Peut-être d’une façon qui vous permettrait d’avoir votre propre avis sur la chose, non ? » elle prit une grande inspiration, avant d’ajouter : « Aimez-vous les histoires, Tatsuo ? » elle attendit un geste ou une réponse de sa part, avant de continuer : « C’est l’histoire d’un père et de son fils, jetés dans un labyrinthe. Coincés dans ce dernier le père parvint, avec de la cire et des plumes, à faire deux paires d’ailes afin de quitter l’endroit. Il avertit son fils qu’en voulant monter trop haut, la chaleur du soleil ferait fondre l’artifice. Il brava l’interdit, poussé par quelque chose que lui seul pourrait expliquer. Ou peut-être pas, qui sait. Mais, vous vous en doutez, il n’aura jamais l’occasion de le faire »

Elle marqua un instant de silence, baissant les yeux. Elle n’était pas la meilleure des oratrices. L’histoire qu’elle venait de résumer remontait à une vieille, très vieille lecture de son enfance, provenant de livres que seuls les excentriques s’amusaient à lire. Lire étant, de base, une activité d’excentrique ; mais un must, chez les Musk. Elle ne savait pas trop quoi dire, ne sachant pas si son histoire avait satisfait la curiosité de son interlocuteur, alors elle reprit timidement de sa petite voix :

« Faire des ailes avec de la cire, en même temps… »
Tatsuo Saito
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  • Posté Lun 4 Mai - 22:03

    Message n°655 (10)

S’il aimait les histoires ? Cela dépendait des histoires. Le regard du yakusa passa des tasses encore vides et de la boîte à thé à la frêle créature. Il resta muet pendant plusieurs instants, sans amorcer le moindre signe d’approbation ou de négation, avant de se contenter de répondre en clignant simplement les yeux. Les contes n’étaient pas toujours de bonnes choses, notamment quand on les reprenait pour les enjoliver à notre manière, pour s’y identifier d’une quelconque façon et ainsi mieux se mettre en scène. L’inverse était valable aussi ; à quoi bon vouloir cacher la vérité derrière un récit qui en racontait malgré tout la substance ? Cependant, son avis sur la question n’était pas importante et n’empêcherait pas Erika de poursuivre, comme elle le fit.

L’histoire de ce jeune garçon prenant son envol pour fuir un labyrinthe lui rappela vaguement quelque chose, mais de trop ancien pour que Tatsuo puisse remettre un nom sur la tragédie. Le mythe de Dédale et d’Icare lui avait peut-être conté quand il n’était qu’un enfant, et la seule idée un tant soit peu philosophique qu’il y avait à en tirer c’était qu’il n’était jamais bon de vouloir s’élever trop haut et se brûler les ailes… et comme cela était vrai à Pax-Europa ! Les raisons importaient peu, vouloir trop, trop vite, n’avait jamais fait d’heureux à long terme. Ça ne disait cependant pas pour quelle raison Erika s’était ainsi échouée en plein envol.

« En effet. De la cire ou de l’orgueil, le résultat est le même. », confirma-t-il d’une voix détachée. La culture occidentale aimait bien les histoires sur l’orgueil, n’est-ce pas ? Cet hybris que les divinités aimaient punir de façon parfois aussi cruelle que colorée. « Vous avez de la chance par rapport à ce garçon : vous n’avez pas été assez brûlée ni n’êtes tombée d’assez haut pour passer de vie à trépas. C’est une aubaine, même si vous ne vous en êtes pas encore rendue compte. » Oui, elle était dans un sale état de carence, d’hygiène et très probablement de santé, autre que lié à sa condition misérable. Oui, le ghetto n’était pas vraiment l’endroit le plus reluisant du monde, quoique l’extérieur était moins peuplé et plus propre que ses branlantes constructions aux pieds des tours européennes, sans véritable route, sans égouts, sans vrai réseau d’eau courante. Mais elle était vivante.

La bouilloire siffla, annonçant que l’eau était prête. Tatsuo ne tarda pas à s’en occuper ; il prépara les deux sachets de thé à infuser, versa l’eau bouillante d’un geste agile et méticuleux, et sortit également une boite métallique avec des biscuits. Souvent on réclamait à le remercier pour un service, ou simplement pour avoir été là au bon moment, et bien souvent les gens voulaient payer avec ce qu’ils avaient, autrement dit pas grand-chose : des biscuits, du thé qu’ils avaient récolté, le peu qui avait de la valeur à leurs yeux. « Mangez, il n’y a aucun ingrédient étrange dans ces biscuits. Rien qui risque de vous faire tomber plus bas. », dit-il avec une légère pointe moqueuse tout en posant la boite vers elle, avec sa tasse de thé fumant. « Vous venez de bien plus loin que je ne venais moi-même avant de sombrer ici. », ajouta-t-il avant de souffler à la surface de sa boisson chaude. « Votre histoire me fait penser à une autre, seulement le garçon en question s’est arraché lui-même ses ailes. »
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  • Posté Jeu 7 Mai - 20:01

    Message n°671 (11)

Sa réponse ne tarda pas trop, et était empreinte d’une sagesse qui, si elle était élémentaire, n’était pas forcément évidente. Elle hocha la tête quant à la suite, restant néanmoins pensive. Il se doutait donc de son origine. Qu’importait. Il n’avait pas eut l’air d’avoir des intentions négatives jusque là, et c’était bien la première fois depuis longtemps, alors elle n’allait faire d’histoire. Elle le regarda tristement, avec un regard de pauvre petit chaton perdu. Elle ne s’était pas réellement brûlée, non. Mais à ses yeux, c’était un peu l’idée. Ce corps autrefois parfait était maintenant une prison ; parce qu’elle subissait vraiment ses caprices de manière journalière. Elle ne s’était jamais mise à la place de ceux qui n’avaient pas eu la chance de naître sans défaut ; et cette découverte l’avait dans un premier temps mis plus bas que terre. Mais Dyvan avait su lui donner la force de pousser un peu plus loin ; assez pour qu’elle commence à battre un peu des ailes, et qu’elle ait l’élan afin de repartir. Un geste énorme, d’une femme qu’elle avait considéré jusque là comme une connaissance.

Et maintenant, cet homme, un inconnu, qui, a son tour, faisait un geste. L’humanité. C’était donc ça ? Peut-être que, suite à cette rencontre, elle allait réfléchir quant à ses convictions. Mais en attendant, elle allait profiter de cet instant de calme au milieu de la tempête qu’était devenue sa vie.

Elle le regarda avec attention alors qu’il ne faisait que verser une tasse de thé. Puis, elle lorgna plutôt sévèrement sur les biscuits, jusqu’à ce qu’il lui donne la possibilité d’en savourer un. Il n’allait pas à avoir à lui demander plusieurs fois. Elle ne se jeta pas dessus non plus ; mais se pressa d’en saisir un, et à le déguster plus que le manger le temps que son thé refroidisse un petit peu. Elle en croqua un bout en écoutant l’autre, prenant son temps alors que l’aspect un peu sec fut compensé en bouche par un côté sucré qu’elle avait presque complètement oublié. Ce n’était pas grand chose, mais à force de manger de la pâte d’insecte et des rats grillés, ce petit biscuit eut un goût divin. Loin de s’empiffrer, sa nature revint au galop, et elle se contenta, avec modération et politesse, de grignoter ses petits biscuits au fil de la discussion, petit morceau par petit morceau.

Elle hésita un peu, avant de le questionner. Etait-ce un comportement approprié ? Elle avait peur de le vexer, peu confiante en elle, alors qu’il était jusque là, on pouvait le dire, adorable. Finalement, il lui offrit une perche qu’elle ne tarda pas à saisir, sortant de son mutisme pour demander de sa petite voix :

« Cette histoire m’évoque quelque chose, mais mes souvenirs me jouent des tours. Peut-être pourriez vous m’éclairer un peu plus ? » elle tira un peu sur ses zygomatiques, qui lui permirent de fendre un sourire asymétrique, avant qu’elle ne rajoute : « Je suis curieuse de savoir votre histoire » elle sembla regretter immédiatement, se stressant quant à savoir si oui ou non sa question était pertinente. Elle se justifia donc directement : « Si vous le voulez bien, évidemment ; je ne veux vraiment pas paraître déplacée et… » elle termina par un hochement d’épaule gêné, et un nouveau petit sourire gêné.
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