Adossée dans un recoin sombre d’un renfoncement de cette rue, Erika n’était clairement pas sereine. Mais elle avait maintenant l’habitude d’évoluer de manière discrète et anonyme que ce soit dans le ghetto, ou même maintenant, les bas-fonds. Et puis, elle était venue préparée. Le plan du quartier, les caméras actives, vandalisées. Son seul souci majeur restait les drones, mais, étrangement, ils étaient peu nombreux et ne faisait pas long feu dans ces étages aussi bas, d’un secteur aussi craignos. Il commençait à se faire tard, dans cet endroit où la lumière naturelle n’existait pas. Mais l’éclairage des rues, s’il marchait encore, variait en fonction de leur ; afin que le cycle du jour et de la nuit puisse être suivi de manière consciente et inconsciente par les malheureux qui avaient à fréquenter les lieux. Elle n’était pas sereine également parce qu’elle n’était plus très loin d’une fameuse arène, dont la réputation était même parvenue à ses oreilles alors qu’elle était pourtant placée tout en haut de la société. Elle se doutait que les membres de son ancienne caste puisse envisager la possibilité de venir se distraire à base de sang, de sueur et d’huile, alors, il fallait qu’elle soit prudente avec les foules.
En l’occurence, celle-ci commençait à se densifier dans la rue qu’elle comptait emprunter. C’était une bonne chose ; elle avait remarqué que plus il y avait de monde, moins ses crises étaient risquées. C’est sûr, elle pouvait se faire voler les quelques biens précieux qu’elle avait sur elle si elle tombait ; ses outils, et les quelques pièces qui semblaient pouvoir être utile pour résoudre le problème que son contact avait évoqué. Mais peu de chance qu’on s’attarde trop sur elle, ou qu’on s’amuse à essayer de la kidnapper. Les gens allaient satisfaire leur curiosité, en regardant cette probable junkie faire une crise liée à une consommation excessive ou à une maladie, et, comme si elle était pestiférée, allait se contenter de l’éviter et de tracer leur route. Elle le savait, parce que ça lui était déjà arrivée.
L’heure avançait ; elle espérait que sa potentielle cliente était toujours dans sa boutique. Elle prit une grande inspiration, réajusta un peu l’épaisse capuche de son manteau, remonta l’espèce d’écharpe d’une étoffe noire et rugueuse qu’elle portait jusqu’à son nez, avant de se lancer. Elle ne prit pas le centre de la rue, veilla à bien longer les murs, histoire de minimiser les risques ; payant plus attention à ce qui était au dessus de sa tête plutôt qu’à son niveau. Au bout d’un moment, elle arriva à l’adresse qu’on lui avait indiqué. Enfin, il lui semblait. Elle hésita un moment une fois arrivée devant la porte ; la vitrine laissait filtrait encore un peu de lumière, mais elle n’entendait pas d’activité à l’intérieure.
Elle poussa finalement et timidement la porte, pour s’y glisser le plus vite possible. Dès qu’elle réalisa que l’endroit était désert, elle referma la porte derrière elle, avant de se manifester :
«
Bonsoir » elle réalisa qu’elle avait pas parlé très fort, en plus de sa petite voix. Elle essaya donc de se donner un peu plus de coffre, et se répéta : «
Bonsoir ? »
Elle s’apprêtait à déguerpir, clairement dans une situation délicate pour elle. Au premier signe de coup foireux, elle allait disparaître en galopant. Elle prenait beaucoup de risques en venant ici ; mais, si son contact lui avait dit vrai, elle aurait moyen de rendre service à une citoyenne sans histoire, vivant à l’extérieur des bas-fonds, et c’était un potentiel atout et contact qui l’intéressait vraiment.
- Spoiler: